Les bijoux D&M

  
Les émaux ont une origine historique très éloignée, vraisemblablement celtique, les vêtements, armures et harnachements furent très tôt embellis de pièces métalliques émaillées de couleurs, marques de distinction et d'appartenance inaltérables et chamarrées.
Certaines régions s'en sont fait une spécialité en développant et perfectionnant leur technique propre d'émaillage, comme nous avons pu déjà le constater en visitant l'Île de Skye, haut lieu de confection de bijouterie et orfèvrerie vitrifiée.

Pendant l'âge du fer tardif, lors de la culture de La Tène III et IV, les émaux sur bronze champlevés connurent un développement important. Les artisans celtes étaient établis soit sur le continent, de la Moravie à la Gaule où les restes d'un atelier, détruit par César, ont été découverts lors de fouilles au mont Beuvray, l'ancienne Bibracte, soit dans les îles Britanniques, d'où leur renom parvint jusqu'à Philostrate, à la cour de l'empereur Sévère. L'écrivain grec publie, au début du IIIe siècle de notre ère, la première mention relative à des émaux sur métal : « On dit que les Barbares qui vivent sur l'Océan versent ces couleurs sur du bronze ardent et qu'elles y adhèrent, devenant aussi dures que des pierres et conservant les dessins qu'on y a faits. ». Fibules, bossettes, disques et plaquettes ornaient en effet les parures et les harnachements, les plus anciens émaillés d'un rouge cire, les plus récents polychromes. Au contact de la civilisation romaine, cette émaillerie insulaire, protégée en Irlande contre les destructions anglo-saxonnes, atteignit un raffinement extrême par l'insertion de segments de verre millefiori ou l'inclusion de grilles métalliques dans la masse vitreuse en fusion (Calice d'Ardagh).                                 (source UNIVERSALIS.fr)

Je fus récemment étonné de découvrir ce qui suit, bien que la confection de bijoux émaillés soit très voisine et apparentée à celle de pin's EGF. Démons & Merveilles nous avait proposé tout un panel de pinces à cravates et de porte-clés déclinés à partir de son catalogue pin's, mais je ne m'attendais pas à sa présence parmi les fabricants de bijoux.
L'initiative était pourtant logique et légitime de la part de cette entreprise en recherche permanente d'applications de son expertise dans le domaine. Comme le plus souvent, et conformément à la production de l'Île de Skye, référence en la matière, les motifs et dessins de ces petits joyaux sont d'inspiration Art Déco pour de multiples raisons. Ce mouvement artistique de la première moitié du XXème siècle, issu de celui de l'Art Nouveau, s'est particulièrement illustré en joaillerie en donnant une grande place à la céramique. Les motifs géométriques, les lignes pures et les assemblages de couleurs sophistiqués Art Déco trouvent un terrain d'expression privilégié dans la bijouterie.
Démons & Merveilles a donc bien appliqué ses connaissances en histoire de l'Art à la confection d'une ligne de boucles d'oreilles très seyante, apte à ravir par sa grâce les attentes les plus exigeantes. Mais trêve de bavardages, passons à la découverte de ces magnifiques ornements tous indiqués avec une coiffure courte et carrée.
 

 
Matrice à dos lisse chromée pour un bon confort de port, fixation pour oreilles percées, signature Démons & Merveilles en creux.
Les motifs sont symétriques pour le port simultané à droite et à gauche.

Les modèles ci-dessus sont tous munis d'une fermeture pour oreilles percées, l'aiguille de fixation est analogue au clou destiné à fixer le pin's sur l'étoffe, mais elle est plus fine et plus longue pour traverser le lobe d'oreille et recevoir la petite pièce de blocage.
Comme le perçage d'oreille n'était pas largement pratiqué vers 1990, Démons & Merveilles a adapté cette production en proposant des modèles à pince prêts à l'emploi, les voici rassemblés ci-dessous.

 
Sur ce modèle, en deux versions couleurs, Démons & Merveilles a placé son famaux logo : la licorne cabrée devant une pyramide, assez discrète par la taille et le traitement en à-plat doré.
Parmi les exemples précédents vous avez pu déjà constater la présence d'un petit avion dans le motif, traité de la même manière.

Cette tentative de Démons & Merveilles démontre bien l'attachement du fabricant aux traditions artisanales institutionnelles, sa réflexion sur les applications modernes de l'émail tenait compte de l'héritage du passé. En cela cette entreprise s'est encore une fois démarquée de la concurrence, seules les marques converties à l'émaillage grand feu ont exploré d'autres voies que celle du pin's. L'endurance et l'éclat des insignes vitrifiés permettaient d'envisager bien d'autres débouchés pour cet art de la miniature.