André FRANQUIN et SPIROU

PIXI n°3761, Les signatures de FRANQUIN, Franquin lecteur

André FRANQUIN est un homme dont je chéris l'oeuvre, le talent, la modestie et la mémoire. Il fait partie de ceux qui vous marquent pour la vie et, dans mon cas, au sens propre puisque je porte des tatouages de ses dessins.
Je n'ai jamais lu ou entendu le moindre propos désobligeant à son endroit, André n'a laissé que de profonds regrets lorsqu'il nous a quitté en 1997. Bien qu'ayant marqué son art à jamais il ne s'est jamais considéré autrement qu'un amuseur.
Les "Idées Noires" ont pourtant bien rétabli la vérité de cet être tourmenté et secrètement souffrant des turpitudes de ses contemporains.
Merci Monsieur FRANQUIN de m'avoir accompagné comme quelques autres dans la traversée de mon existence.

J'habite Place André FRANQUIN comme l'atteste la plaque apposée au mur de cour de ma maison.

Véritable stakhanoviste du crayon, il fut pressé comme un citron par son éditeur DUPUIS pour tenir à bouts de bras le magazine SPIROU tout en assurant le rythme infernal des parutions d'albums. La situation devint tellement intenable qu'il mit un terme provisoire à cette collaboration et se consacra enfin à des projets plus personnels.

L'abandon de la saga du groom pour développer la vie d'un garçon de bureaux fut un premier tournant dans sa carrière. GASTON, c'est un peu André dans sa subversion pacifique, un maelström libertaire propre à dévaster les ordres les mieux établis.

L'exploration SAGGAY ne m'a pas permis d'entrer dans cette partie du temple de la bande dessinée que je vous propose de visiter maintenant. En effet, le fabricant varois ne nous a laissé aucun pin's de ce dessinateur peut-être inaccessible de part sa discrétion et sa stature, à l'instar d' HERGE ou d' E.P. JACOBS. Se passer d'acquitter les droits d'auteur pour produire des pin's du maître eut été un sacrilège dont l'entreprise SAGGAY aurait subi les rapides sanctions. André FRANQUIN n'était pas le plus vindicatif des auteurs mais sa maison d'édition DUPUIS ne l'aurait pas entendu de cette oreille.

Avec le recul on peut regretter qu'André FRANQUIN n'ait pas bénéficié des bons services de SAGGAY en la matière, les résultats n'auraient pas manqué de nous enthousiasmer, ce fantastique dessinateur aurait mérité les meilleures performances qualitatives pour figer ses crayonnés et croquis dans l'émail. Démons & Merveilles n'a jamais été sollicité, beaucoup d'émissions de piètre qualité jalonnent la trajectoire du virtuose belge dans la galaxie pin's. Seules, les fabricants CORNER, MEGADIF et DALIX justifient d'un niveau acceptable comme nous allons le constater.

 

Les 5 pin's trouvent leur place matérialisée à l'intérieur du boitage agrementé par des dessins d'étude. Dessins en négatif sur fond bleu marine réhaussé par le rouge selon un style épuré et précis bien représentatif de l'école belge.

Une fois n'est pas coutume, les pin's que nous allons découvrir ici ne sont pas en émail grand feu mais en finition époxy, autrement dit de moindre qualité qu'à l'habitude, oui, mais leur présentation en coffret vintage et leur sujet suffisent à me les rendre indispensables.
Cette petite boîte à trésors est un véritable hymne à la bande dessinée belge des fifties, elle célèbre un des géants de la BD par l'entremise de son héros d'adoption : SPIROU.

Ce coffret est un pur collector, limité à 1500 exemplaires numérotés, il s'intitule "5 PROTOTYPES", émis par l'éditeur EMAIL 50 de Bruxelles.

André FRANQUIN est un enfant des trente glorieuses, nourri d'une passion immodérée pour les avancées techniques, ses conceptions de véhicules notamment sont très fouillées et abouties. La Cité des Sciences de La Villette lui a consacré une exposition en 2005 qui nous a permis d'admirer les modèlisations à l'echelle 1 de quelques unes de ses plus belles créations. Je terminerai ce premier contact avec le père de SPIROU, GASTON, MODESTE et POMPON, et l'inénarable Marsupilami, par quelques photos assez appropriées de cette manifestation.





 

Cette série comprend 5 prototypes imaginaires sortis de l'imagination fertile et débordante de FRANQUIN, deux véhicules volants de ZORGLUB, la Zorglumobile et un transporteur aérien, le sous-marin de poche individuel des Pirates du silence, et les deux versions de la Turbotraction, la Turbot Rhino I et la Turbot Rhino II.

La Turbot Rhino I est fortement inspirée d'une tentative réelle de voiture à turbine par la société Socéma-Grégoire, en 1952, malheureusement avortée.

 
SPIROU a fait une entrée précoce dans le catalogue CORNER-COINDEROUX puisqu'il porte la référence n°2, c'était en 1989. Mais le dessin du personnage n'est pas de la main d'André FRANQUIN mais de Jean-Richard GEURTS, alias JANRY, 6ème dessinateur de la série crée par Rob-Vel et successivement reprise par Joseph GILLAIN (JIJE), André FRANQUIN, Jean-Claude FOURNIER, Nic BROCA et donc JANRY.

Manifestement FRANQUIN était peu intéressé par l'exploitation commerciale de ses œuvres et, de fait, par la para-BD. C'est pourquoi il n'existe pas de patrimoine pin's en rapport avec la dimension de cet œuvre gigantesque, seuls, le Marsupilami et Gaston Lagaffe, ont suscité quelques initiatives conséquentes dans le monde de l'émail.

Il n'en était pas de même pour JANRY qui a fourni des dessins à CORNER pour deux SPIROU et à MEGADIF pour un personnage de son cru : Le petit Spirou, incarnant la prime jeunesse du héros, déjà bien installé dans sa vocation de groom.
Notons au passage la belle qualité EGF déployée par MEGADIF que nous pourrons vérifier avec les pièces consacrées au Marsupilami.

Pour moi le point culminant de la série SPIROU se situe avec le diptyque "Z comme Zorglub" et "l'Ombre du Z" sous la collaboration géniale de GREG, JIDEHEM et FRANQUIN.
Il y avait matière à de belles réalisations pin's, mais rien à se mettre sur l'habit jusqu'à la découverte de cette petite pièce EGF mystérieuse non signée qui porte des indices propices à un rattachement à cette histoire de savant fou.

Le Z, bien entendu, dont la typographie évoque le symbole de Zorglub, mais aussi le fond circulaire barré d'un bandage noir tout comme le couvre-chef de notre ami poil de carotte.

Je peux me tromper mais je me plais à le considérer comme tel, je n'ai pas d'autre hypothèse quant à la raison d'être de ce charmant petit bout d'émail.

MEGADIF a décliné toute une galerie de personnages de l'entourage du Petit Spirou, ce fabricant s'est montré très actif à partir de 1991. 

La septième pièce de cette série MEGADIF, le petit Spirou parachutiste au soutien-gorge a fait l'objet d'une variante, j'ai eu la grande surprise de le découvrir récemment.
Les différences portent sur le soutien-gorge en dentelles ou en satin, mais aussi sur le rouge du costume de Spirou plus orangé dans la version satin. Reste à savoir s'il en existe d'autres, la déclinaison d'une collection de sous-vêtements était tentante.
La qualité remarquable de cette série nous fait regretter une collaboration plus importante des éditions DUPUIS avec MEGADIF.


La découverte récente d'une nouvelle variante, portant sur le personnage de Vertignasse dans son petit avion en bois, m'incite à penser qu'il existe deux tirages distincts de cette série incluant des choix différents de teintes et de rendus d'émail.
Nous retrouvons l'utilisation d'émail lamé en lieu et place d'émaux unis, variation déjà constatée avec le Petit Spirou parachutiste.
Affaire à suivre.




Mercredi 27 octobre 2021.
Très jolie révélation que ce MEGADIF inconnu jusqu'à ce jour. Très drôle et espiègle. Cette série prend une consistance insoupçonnée avec un nombre de pièces conséquent.

 
La seule tentative significative dans le domaine du petit monde de Champignac nous la devons aux Editions ATLAS qui, malheureusement, ne misait pas sur la qualité de fabrication de ses réalisations mais sur des tirages envahissants et un prix de revient susceptible de leur garantir la meilleure marge bénéficiaire possible.
C'est d'autant plus regrettable que le panel des personnages était assez complet et reprenait les dessins du meilleur serviteur de cette saga fleuve.





En zamak peint, autrement dénommé "émail à froid", bien qu'elle se distingue par une absence totale d'émail, la technique très économe et peu flatteuse mise en œuvre ne sert pas le sujet de façon suffisante. Une fois de plus on se prend à rêver à de meilleurs choix dans cette entreprise qui aurait pu déboucher sur un résultat nécessaire et remarquable. Un coup d'épée dans l'eau.

Il existe bien entendu une myriade de pièces insignifiantes de très mauvaise qualité, je me suis attaché, comme à l'accoutumée, à m'en tenir à l'essentiel. Si le pin's n'a pas rendu justice à André FRANQUIN comme il le méritait, le manufacturier de figurines en plomb PIXI lui a, en revanche, réservé une très large partie de son catalogue pour notre plus grand plaisir.
C'est assez réconfortant pour les passionnés BDphiles dont je suis.
 

PIXI n°4698, Spirou et Fantasio dans la pirogue