Pocahontas Coca-Cola
Oui, je sais, l'association du personnage de Pocahontas avec le leader mondial de la limonade est assez antinomique, le seul lien que nous pourrions établir réside dans le sponsoring Coca-Cola / Disney, deux entités mercantiles très actives dans le commerce de l'entertainment.
Mais il faut reconnaître que cette pièce dégage une grâce et une harmonie de tout premier ordre, son émaillage grand feu et sa composition à la fois simple et équilibrée en font l'un des plus beaux pin's Disney que j'ai pu rencontrer..
La belle native du nouveau continent exprime par sa délicatesse une forme d'idéal féminin vivant en osmose avec la nature personnifiée par ce raton laveur d'une candeur à faire chavirer un docker.
Les couleurs sont très nuancées et douces, le rouge du cartouche vient rehausser l'agrément visuel d'ensemble, c'est le pin's réussi frôlant la perfection qui me peigne le système neurovégétatif dans le bon sens, une sensation de plénitude m'envahit à son contact, l'intarissable soif de beaux pin's qui m'anime est comblée.
Le limonadier fut conscient du pouvoir magnétique exercé par le petit objet puisqu'il décida de le décliner en plusieurs versions et finitions différentes.
Il est disponible avec cartouche rouge ou blanc, et en finitions dorée, argentée ou anodisée noire.
La version noire emporte mes suffrages, cette option très souvent retenue et appliquée par SAGGAY est celle qui donne le plus de lisibilité, elle convient particulièrement bien à la reproduction de dessins à la technique de la "ligne claire" comme celui-ci. Elle a aussi l'avantage d'ôter cet aspect clinquant apporté par la dorure.
Ces variations autour d'un concept de base commun ont le mérite de mettre en évidence tous les petits choix qui conditonnent le rendu final de l'insigne, chacun aura sa préférence, mais au bout du compte c'est le sens de la composition d'image qui fait la différence.
Sur le modèle de ce Pocahontas ont été fabriquées de fausses pièces publicitaires beaucoup plus récentes, un personnage célèbre surmontant le cartouche de l'annonceur en blanc sur fond rouge ou rouge sur fond blanc, la totalité est bien entendu en émail de synthèse sur zamak, seule technique simple de mise en œuvre autorisant une production artisanale locale tout en préservant un bon niveau de qualité.
Les droits sur licences Coca-Cola, Disney, Dargaud, Albert René et Moulinsart n'ont pas été acquittés comme vous vous en doutez, les contingents restreints diffusés visent surtout les collectionneurs. Un examen attentif fait ressortir quelques imperfections de dessins qui corroborent le caractère non officiel de l'entreprise, ces dessins sont de la main de faussaires dont l'habileté est inégale.
En voici de multiples exemples pour vous éclairer et vous permettre d'identifier ce que vous achetez.
TINTIN
Ces séries comprennent un grand nombre de déclinaisons couleurs en adéquation avec le but recherché : alimenter un marché lucratif en proie à une forte demande. Ces pin's ne sont pas signés et pour cause, le sport se pratique dans la clandestinité.
D'autres modèles plus évolués sont disponibles et présentent un meilleur aspect d'authenticité, un peu plus importants en taille avec effet de relief amené par un élément du sujet placé en avant-plan du bandeau annonceur, cette sophistication franchit un stade dans la contrefaçon, certaines réalisations mériteraient l'attribution du label "officiel" tant l'esprit du sujet est bien respecté.
Les personnages secondaires des aventures de Tintin bénéficient d'une aura suffisante pour assumer un rôle publicitaire efficace.
Le bandeau passe ici en lettrage blanc sur fond noir, la finition au noir préserve la netteté du dessin d'Hergé.
Ces pin's respectent bien l'essence de l'œuvre, ils font référence à certains albums précis et s'adressent donc aux amateurs éclairés. Ce sont ces pièces qui ont trouvé grâce à mes yeux malgré leur provenance.
Tintin est le personnage de bande dessinée le plus international qui soit.
En 2009, depuis 1929, plus de 230 millions d'albums de Tintin ont été vendus à travers le monde en plus de 90 langues.
Les deux pièces ci-contre confortent le caractère universel de l'œuvre, Tintin donne une dimension planétaire au pin's publicitaire en concordance avec l'implantation commerciale de la tisane froide pétillante. Du moins c'est l'idée qui dirige la conception de ces deux scénettes pourvues d'un bandeau assorti à la situation du personnage.
Le processus est mondialisé.
Ci-dessus un modèle de moindre qualité (émail à froid) qui pousse assez loin le principe d'occultation partielle du logo publicitaire. C'est le seul intérêt de cette punaise peinte au dessin très approximatif..
Ci-contre la scène de couverture de l'île noire dont il existe une myriade d'interprètations plus fantaisistes les unes que les autres.
Un Tintin dessiné par un fan d'Hanna-Barbera. La déclinaison en de nombreuses variantes de couleurs est caractéristique des émissions destinées plus particulièrement aux collectionneurs, c'est une méthode infaillible pour multiplier l'acquisition d'un pin's. Le collectionneur, avide de constituer des ensembles exhaustifs, ne résiste à l'impérieux désir de réunir l'entièreté d'une série, fut-elle uniquement justifiée par des motivations mercantiles.
ASTERIX
Avec Tintin, Asterix est le meilleur vecteur à plagier avec la perspective de toucher un énorme public, la mention Coca-Cola sert ici d'alibi et a deux justifications majeures : celle d'élargir la cible aux collectionneurs Coca-Cola assez nombreux et celle d'apposer un sceau d'authenticité publicitaire pour égarer les soupçons.
Ces faux sont d'autant plus pervers qu'ils présentent indéniablement un agrément visuel certain par leur bon niveau de dessin et leur qualité de fabrication. Ils démontrent un certain savoir-faire et une exigence de résultat que seule entache la flibusterie.
DISNEY
Lorsqu'on le sujet n'autorise pas de différenciation de couleurs le fond de cartouche permet d'outrepasser cette contrainte et d'atteindre l'objectif désiré : multiplier les versions. Ce procédé écorne sensiblement la légitimité et l'authenticité du pin's. Il devient alors un objet de pure consommation sans autre justification d'existence.
Ce phénomène, déjà constaté vers la fin de l'âge d'or du pin's, est encore plus vivace de nos jours, l'émission d'un pin's aujourd'hui vise surtout le marché des collectionneurs peu exigeants sur le bien-fondé et l'histoire de l'objet.
Les "vrais" pin's, souvent anciens et précurseurs, se caractérisent par l'officialité de leur origine, leur fabricant, leur contingent d'émission et leur notoriété. Ils constituent le socle de toute collection digne de ce nom et apportent une certaine crédibilité à ce petit média.
A l'instar d'autres spécialités comme la philatélie, la marcophilie, la bande dessinée ou la cartophilie, le pin's gagnerait à se doter d'ouvrages de cotations et de références, le GOLDBERG fut une bonne tentative au début des années 90 mais malheureusement sans lendemains, ce manque se fait vivement sentir aujourd'hui, l'expertise est diluée et volatile puisque peu d'écrits figent les connaissances dans le domaine.
Voici deux autres réalisations en émail grand feu comme le Pocahontas qui donnent des regrets quant à la brièveté de la démarche.
La Belle et le Clochard est également une pièce d'exception dans le genre, outre qu'elle immortalise une scène d'anthologie du cinéma d'animation, elle brille par l'harmonie générale des couleurs et la précision de son cloisonnement.
Comme le Pocahontas elle est signée au dos Coca-cola moulé dans la matrice, signe d'authenticité.
Elle existe bien entendu en bandeau rouge mais je n'ai pas encore pu, à mon grand désespoir, la faire entrer dans ce musée.
Date de dernière mise à jour : 04/09/2019