plutôt EGF, non ?
Si vous êtes comme moi un inconditionnel de l'émail grand feu, que vous ne concevez le pin's qu'aux normes Démons & Merveilles, alors vous partagez la même déception à la vue d'un beau visuel qui n'a pas bénéficié des soins de SAGGAY, TABLO, D&M ou STADIUM. Si l'on peut comprendre et admettre que les ratages ne souffrent pas d'être techniquement maltraités, il n'en va pas de même avec les pin's bien dessinés, composés avec talent, mais malheureusement victimes de réalisations de mauvaises qualités.
L'émail de synthèse sur zamak n'est pas ma tasse de thé, vous l'aurez compris, mais je dois reconnaître à certains fabricants spécialisés dans ce mode de fabrication, et surtout à son meilleur représentant : ARTHUS BERTRAND, un indéniable talent de dessin et de composition de l'objet pin's. Sur ce seul critère il m'arrive, de plus en plus fréquemment je dois dire, de déroger à mes penchants radicaux et de faire entrer quelques belles pièces de cette facture dans ma collection.
Mais je conserve néanmoins le regret de ne pas avoir connu leurs répliques EGF, telles qu'elles hantent mon imagination.
Cette galerie me permettra de mettre l'accent sur ces petits chefs-d'œuvre presque parfaits et de faire preuve d'ouverture d'esprit.
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VIRGIN MEGASTORE
En 1991 VIRGIN lance une campagne publicitaire bien décalée utilisant les charmes d'une plantureuse naïade parée d'atours antiques dans une pose alanguie et romaine. Cette imagerie commerciale frappera les esprits à tel point qu'ARTHUS BERTRAND reprendra ce personnage à l'identique pour l'émission d'un pin's commandité par la marque. Jolie pièce au final mais je pense qu'un traitement EGF de qualité et d'un format un peu supérieur aurait apporté du détail et surtout renforcé l'idée directrice par l'évocation des mosaïques latines. Des émaux lamés et pailletés auraient également parachevé l'exercice. Mais pour ça il fallait s'adresser à D&M.
La bête du Gévaudan
La bête du Gévaudan fait partie des grands mythes historiques, ce déchainement criminel secoua tout une région et ses remous se propagèrent jusqu'à Paris pour déclencher une riposte royale. Certaines théories de complots ont été avancées et les hypothèses les plus folles ont circulé quant à la nature de ce prédateur insatiable qui sévissait en Lozère, en Vivarais et dans le Rouergue.
De tels évènements historiques marquent à ce point une région qu'ils peuvent en devenir une marque identitaire profonde. En Lozère il est souvent faire référence à l'image fantasmée de cette bête qui terrorisa la région de 1764 à 1767, comme en témoignent ces deux autres pièces. Moult monuments et sculptures, de nombreuses représentations de toutes sortes, entretiennent ce mystère fascinant dans l'inconscient collectif, cultivant nos grandes peurs et notre soif de sensationnel.
WINNER s'est inspiré d'un dessin anthropomorphe de cette bête apparentée au loup pour les besoins de ce pin's esthétiquement assez réussi. On peut simplement regretter que les émaux de synthèse ne proposent que des couleurs primaires sans nuances et simplistes. C'est le type même de sujet qui réclame un rendu en accord avec son temps. Les émaux grand feu offrent une palette beaucoup plus étendue dans ce domaine. Sinon tout est juste pour ce pin's numéroté dont le copyright est (C) GL & JC WINNER, sa numérotation à 3 chiffres laisse supposer un tirage inférieur à 1000 exemplaires.
Mardi 28 décembre 2021
Le musée accueille une nouvelle version couleur du pin's WINNER.
Elle se différencie par la substitution de deux couleurs, un gris-vert pour le système pileux de la bête et un fushia pour la robe de la victime, en remplacement des noir et violet initiaux.
Il s'agit d'une deuxième série également numérotée comme la précédente.
Cette particularité ne m'avait pas immédiatement sauté aux yeux, c'est une vague impression qui m'a fait regarder ce nouvel exemplaire de plus près, les tons étant assez voisins.
Je garde une petite préférence pour la première version noire.
Les Marlins, baseball
Voici un bel exemple qui mérite sa présence dans cette galerie, le club de baseball de Miami, les Marlins. L'usage américain d'origine anglaise qui associe une icône à un club, un animal, un métier, un lieu, permet une identification forte par l'image. Ici le potentiel esthétique de l'espadon peut s'exprimer dans cette attitude bondissante, la dominante bleu ciel et blanc de l'ensemble est très évocatrice de l'océan qui baigne la Floride.
Les USA étaient un pays de cocagne pour l'amateur d'émail grand feu, pratiquant une tradition plus ancienne que la nôtre en matière de pin's, ils avaient établi avec l'Asie du Sud-Est de solides relations commerciales pour supporter la forte demande de badges sportifs émaillés de la part des clubs de football US, basket, baseball, hockey et surtout des jeux olympiques.
Les américains ont un sens inné de l'image promotionnelle, leurs lettrages travaillés, leurs compositions harmonieuses de logos illustrés ont été appliqués avec beaucoup de bonheur au pin's. Leur démesure d'entreprise et leur débauche de moyens se retrouvent aussi dans cette production, certaines pièces en témoignent par leur taille, leur foisonnement de couleurs et leur qualité de finition.
Mais, sur le tard, l'émail de synthèse, d'une mise en œuvre plus simple et meilleur marché a fini par l'emporter, reléguant leurs illustres prédécesseurs aux bons soins des amateurs.
Ceci dit, l'émail de synthèse sur zamak américain est différent du nôtre dans son traitement, le rendu se rapproche plus de l'EGF, matrices plus fines, moins de dorures. La collection Hard Rock Café en est une belle illustration.
Le Café de Flore
Pour moi, cet Arthus Bertrand pour le Café de Flore à Paris est un des plus beaux visuels de pin's publicitaire que je connais. L'attitude de ces deux garçons de café en conversation pour commenter une scène de la rue est d'une justesse aiguisée, toute l'atmosphère des bistrots et de la vie parisienne est rendue dans ce petit instantané, véritable tranche de vie en miniature. La composition du tableau est parfaite avec un bel équilibre des formes et des couleurs, l'influence des grands affichistes du début vingtième se fait sentir par la simplification et la géométrisation des éléments de la scène.
Tout le savoir-faire des concepteurs du grand médailler français s'exprime ici, on trouve constamment ce sens de l'image dans la plupart des productions Arthus Bertrand, et je me désole fréquemment de constater qu'autant de talent et de professionnalisme n'ait pas fait appel à de grands manufacturiers émail grand feu comme ceux qui travaillèrent pour Démons & Merveilles ou TABLO.
Mes griefs envers l'émail de synthèse sur zamak portent sur la forme de la matrice un peu trop lourde d'aspect pour l'objet pin's et surtout sur les couleurs d'émaux qui souffrent d'un manque d'éclat et de nuances patent. Ce Café de Flore n'est pas trop affecté par ces insuffisances techniques, l'image est bien servie par la réalisation, on peut simplement regretter le renfort de matrice entre les deux personnages, les deux silhouettes découpées auraient eu meilleur effet mais pour cela il aurait fallu le petit coup de génie pratique que n'aurait pas manqué d'appliquer D&M si par bonheur il avait eu commande de ce superbe pin's.
Date de dernière mise à jour : 05/01/2022